Dédale... Labyrinthe des souvenirs qui s’enchevêtrent, s’appellent et se superposent, pesant les uns sur les autres de tout leur poids de choses mortes et trop vives, jusqu’à effacer pour un instant la présence d’un corps de femme à vos côtés. Labyrinthe des noms de femmes, Rita, Ella, Héléna ou Marie-Hélène, à la ressemblance inquiétante et trompeuse... Labyrinthe d’un camp de prisonniers de guerre, où plusieurs chemins mènent de la chambrée au chantier de travail, du chantier à l’hôpital, et de l’hôpital au train libérateur... ou à la morgue. Labyrinthe des trajets humains, des êtres qui se croisent, se joignent ou se séparent, s’intervertissent aussi, puisque celui qui parvient à destination n’est pas celui qui a pris le train pour rentrer, mais un autre... Labyrinthe qui prend la forme de la vie, sables-mouvants, « fièvre dans laquelle on s’enlise, qui bouscule les détritus, engloutit les ordures, agite la vase et les animalcules immondes qui la peuplent... » Au détour d’un chemin, ce n’est pas le Minotaure qui surgit, mais un ennemi plus sournois, parce qu’on croit le reconnaître : il a le visage de « l’ami le plus proche, le plus cher, le plus attentif... »