J’aime la guerre lorsqu’elle oppose des hommes qui s’estiment, lorsqu’elle est loyale, comme l’on aime un sport d’équipe, rude et parfois brutal. Il est vrai que j’ai eu l’occasion — et la chance — de pratiquer ce sport dans une remarquable équipe de professionnels. Ayant ramassé sur le terrain, après un assaut, des armes de toutes les nationalités et de provenances indéterminées, notamment en Algérie un “fusil anglais aux inscriptions chinoises", j’ai souvent pensé qu’il serait amusant de connaître les péripéties et tribulations de ces armes. Dans ce livre, je raconte l’aventure d’un fusil allemand, un Mauser, arme de vieille et bonne lignée, qui juge avec affection et ironie ses possesseurs successifs. Sur une trame historique allant de la campagne de Libye de l’Afrika-Korps, jusqu’à la guerre d’Algérie dans un camp et dans l’autre, j’ai fait relater — par ce fusil espiègle — des faits vécus, soit par moi, soit par des camarades de combat proches. Le fusil est un outil, certes, mais il est aussi un compagnon fidèle, auquel — depuis quelques siècles — des millions d’hommes ont confié leurs peines, leurs douleurs et leurs joies. Je crois que nul mieux que lui ne pouvait dépeindre, sans fard, sans hypocrisie, sans forfanterie, le comportement de l’homme au combat ; je crois aussi que tout homme ayant porté les armes, en paix comme en guerre, pourra reconnaître, dans ce récit, des impressions, des sensations, ou des sentiments qu’il a lui-même ressentis.