Si, autrefois, la carrière d’un officier était simple à décrire, toute de service et d’obéissance, ces critères paraissent singulièrement dépassés en ce qui concerne celles des hommes qui ont exercé le métier des armes au cours des trente dernières années. Au service d’une France déchirée, envahie, combattante, un pays parfois décevant mais aimé par-dessus tout, ils ont vécu tant d’événements, posant des cas de conscience et obligeant à prendre une option, que la conception du métier d’officier en a été profondément troublée. Le dénominateur commun de ce bouleversement a été le général de Gaulle. À cause de lui et par lui, tous ceux qui ont porté les armes ont connu des journées exaltantes et traversé de terribles épreuves. Témoin privilégié des événements majeurs de ces trois décades, André Gribius les décrit, dans « Une vie d'officier », tels qu’il les a vus, et nous dit comment il a réagi — dans les périodes sombres comme aux jours fastes. Lieutenant de cavalerie en 1940, sa route fut longue — de Dunkerque abandonnée, à Strasbourg libérée — avec Leclerc, en passant par le Sénégal, la Tunisie, l’Angleterre, la Normandie et Paris déchaîné. Elle fut éprouvante — de 1945 à 1950 — dans une Indochine lointaine, au sein d’une armée oubliée par son pays. Elle fut déchirante quand, devenu général, il dut abandonner une Algérie défendue avec foi. Chacun de ceux qui ont combattu au cours de ces trente années, trouvera dans « Une vie d'officier » d’André Gribius, sa réponse aux problèmes qu’il s'est lui-même posés. Pour chacun, pour chacune, il est un document indispensable à la compréhension de cette époque, pendant laquelle la France a connu la défaite, la victoire, et la décolonisation de son empire. Pour les jeunes des années 70, auxquels une carrière d’officier peut paraître quelque peu démodée — voire inutile —, ce livre leur apprendra qu’elle offre toujours l’une des plus belles perspectives d’atteindre son épanouissement et de bien servir le pays.