La maison d'Antonia fait revivre ce quart de siècle précédant la guerre d’Espagne. Libres jusqu’en 1839, les Basques virent leur liberté abolie par une loi de la monarchie espagnole édictée le 25 novembre de la même année. Ils protestèrent sans interruption (guerres carlistes) jusqu’en 1923, où s’établit la dictature de Primo de Rivera. La dictature — qui se survécut jusqu’en 1931 — persécuta implacablement les défenseurs de la nationalité basque, emprisonnant un grand nombre, exilant les autres, et ferma tous les centres interdisant d’écrire en Euzkara. Avec l’avènement de la République, commença la lutte pour le statut d’autonomie de l’Euzkadi. Les partis se montrèrent opposés à ce statut au cours des cinq dernières années, mais les forces populaires basques dirigées par le nationalisme, le firent adopter par le plébiscite qui eut lieu le 5 novembre 1933, et ce fut un triomphe éclatant pour l’autonomie. Avec la rébellion de Franco, qui eut lieu le 18 juillet 1936, et la complexité du problème basque qui s’ensuivit, il y eut — de part et d’autre — des victimes immolées sur l’autel de la confusion. C’est à travers ces pages d’histoire, combien émouvantes, que le héros de ce livre, Pedro Laguna, se fit le champion de la compassion. Il y découvrit la forme supérieure à sa philantropie naturelle, la charité authentique, effective et affective, où l’homme dépourvu de tout trouve encore le moyen de soulager son semblable. Lorsque, sur le chemin de l’exil, il se retournera sur sa chère ville d’Irum en flammes, il puisera — dans cette vision horrifiante — la confirmation de ses théories sur la vanité des richesses. Sa femme, au contraire, sa bonne et vaillante Antonia, trouvera — dans le même spectacle — la raison d’une recrudescence de regrets pour son rêve à jamais brisé : posséder une maison.