Il est établi qu’en Alsace, dès le XIIIe siècle, les parrains et les marraines offraient une pièce de monnaie ou une médaille à leurs filleuls. Un beau jour du XVIe siècle, un parrain ou une marraine eut l’idée d’accompagner la pièce d’un souhait écrit. Et, un autre beau jour, un parrain ou une marraine pensa à décorer le vœu écrit, et à en envelopper la pièce de monnaie. D’autres parrains et d’autres marraines les imitèrent. Il en résulta une tradition bien alsacienne, celle du souhait de baptême (Goettelbrief), qui dura jusqu’au début du XXe siècle, c’est-à-dire pendant près de 400 ans. Aujourd’hui, il nous en reste des documents manuscrits, parfois calligraphiés, ou imprimés, ou encore peints à la main avec des vœux écrits. Réalisés par le peuple et pour le peuple, ils reflètent un état d’âme du passé, à la fois simple et touchant, de toute une région. Par leur variété, par leur richesse décorative, par leurs vives couleurs, par leur dessin naïf et par la gaieté qu’ils expriment, ils exercent sur nous un véritable charme, en prolongeant ainsi l’attachement que nos pères leur témoignèrent. Dans un livre de la nouvelle « Collection des arts et traditions populaires d’Alsace », lancée par les Dernières Nouvelles, François Lotz consacre une étude importante, intéressante, vivante et très documentée à cette touchante tradition, ainsi qu’aux documents qui nous en restent. Elle est fondée sur les publications antérieures, et sur plus de mille « Goettelbriefe » non décrits jusqu’à présent.