En marge de la vie quotidienne, qui submerge l’individu et le force à accepter toutes sortes de défaites, d’injustices, d’inepties, d’inerties, j’ai voulu, au travers de ces sortilèges, remettre au premier plan l’enfance dans tout ce qu’elle peut avoir de pur et de poétique, dans tout ce qu’elle peut déposer en nous comme « provisions de douceur », ainsi que le dit St-Exupéry dans la pensée que j’ai prise en exergue. Cette enfance, qui rejoint celle de chacun, peut être pour chacun le refuge, le tout indestructible qui le porte en avant et le soutient dans l’existence. Pour parer aux absurdités devant lesquelles la personne adulte se trouve constamment placée, il faut lui redonner le goût de sa lointaine enfance, la capacité de ressentir, profondément, ce qu’elle n’a fait que percevoir autrefois, la possibilité enfin de retrouver, dans toute leur plénitude vivifiante, les féeries et les fantasmagories d’alors. C’est le but que je me suis proposé en écrivant ces « Sortilèges d’enfance ».