En avril 1871, alors qu’il sollicite l’autorisation de quitter Paris assiégé par les Versaillais, Paul Gard, jeune séminariste, est raflé par les insurgés de la Commune. Il rejoint en prison les autres otages — prêtres, militaires ou civils — qui fourniront de faciles victimes aux pelotons, qui fusillent à la hâte pendant les dernières heures de la bataille. Après avoir échappé par hasard aux exécutions, Paul Gard entreprend aussitôt la relation des événements qu’il vient de vivre, en s’aidant du journal qu’il a tenu — chaque jour — à la prison de la Grande Roquette. Ce sont les passages les plus significatifs de ce « Journal d’un fusillé sous la Commune », concernant les derniers jours de sa détention, au plus fort de la peur d’une liquidation sommaire, et de l’espoir d’une prochaine libération par les troupes de Versailles qui s’avancent, puis sa fuite et ses errances dans Paris à feu et à sang à la recherche d’un abri, qu’Amable Audin présente ici, en confortant et complétant le récit par d’autres témoignages. Ajoutant à l’émotion qui parcourt le texte de Gard, la rigueur, l’exigence et la minutie de ses observations contribuent à rendre plus sensibles certaines des scènes les plus sanglantes de la Commune et de sa répression. « Les détails simples et clairs sont l’essence de ma relation, écrit-il ; je n’apprécie pas, je raconte ; je n’ai pas complété mes récits après coup ; il n’y a rien que je n’aie vu ou entendu ».