Ce recueil pourrait être qualifié de journal intérieur, par opposition à ce que l'on appelle journal intime. Béatrix Beck ne note pas ici ce qui lui arrive au fil des jours. Elle est attentive à la vie des autres. Elle nous dit ce qui lui passe par la tête, ce qu'elle imagine et qui prend forme de nouvelles et parfois de fables. Elle nous fait partager ses espoirs et ses doutes. Elle s'adresse à notre sensibilité. Elle donne souvent à sourire et même à rire, mais surtout à réfléchir et nous voici souvent face à notre conscience.
Tantôt nous sommes à notre époque, tantôt nous remontons aux origines de l'homme. Béatrix Beck joue avec ses connaissances. Elle jongle avec les idées comme avec les mots. Elle ne craint pas de parler de Dieu, ni même de donner une version originale de l'enfance de Jésus.
Voilà un livre plein de surprises. Dans la forme il est très éloigné de la littérature classique. Dans le fond, il rejoint les exercices périlleux de nos grands moralistes. Béatrix Beck est ici plus près de Queneau que de Gide, mais on est sûr que Gide, qui avait aimé ses premiers livres, aurait également aimé celui-ci.
Jacques Brenner