L'histoire de Meichou participe à la fois du roman et du drame, mais nullement de cette basse littérature du cœur, où cinq cent pages sont nécessaires pour décrire les péripéties d'un match d'amour, au cours duquel une demi-mondaine — lascive et évanescente — succombe au quinzième round. (...) Il a fallu passer au crible à mailles serrées les renseignements recueillis, non pas de la bouche de témoins oculaires et contemporains de Meichou, depuis longtemps disparus, mais de celle de leurs arrière-petits-fils, ou arrière-neveux, par conséquent déformés par le temps, les préjugés, les superstitions. Il a fallu les boire, au cours de veillées autour du feu, pendant qu'au dehors hurlait la bise des cimes, ajoutant encore à la tragédie sur les lèvres de montagnards rudes d'écorce, mais riches de compassion et de vertueuse bonté.