Les hasards de la guerre ont repoussé dans une usine du Gard, en 1944, des travailleurs de toute race et de toute nationalité. Le narrateur y commande une compagnie de travailleurs militaires indochinois. Dans les jours qui suivent la Libération, sur l’instigation d’un Annamite, condamné de droit commun, on viendra l’arrêter. On ne lui demandera même pas son nom. Il s’agit de faire un exemple, de prendre une revanche sur une fonction plutôt que sur un homme. Après avoir vainement cherché les motifs plausibles, après l’avoir soumis sans résultat au « jugement populaire », les hommes qu’il commandait, ont décidé, pour savoir si X... sera ou ne sera pas fusillé, de s’en remettre au témoignage de Dan, un Annamite, absent pour quelques heures. En attendant son retour, « le commandant » est enfermé dans un laboratoire, sous la garde d’un tueur, seul avec son bon droit, son angoisse et une pendule qui mesure les secondes. Pour ne pas céder à la panique, il relate fiévreusement les heures qu’il vient de vivre, en même temps qu’il analyse sa propre peur et le comportement de « ses hommes », recherchant les liens de leur solidarité. Il guette les pas, espère, s’effondre, se ressaisit, s’accroche à tout ce qui peut l’empêcher d’être submergé par l’angoisse. Mais le trajet des aiguilles, sur le cadran de la pendule, devient insupportable... Sera-t-il fusillé ? Ou bien Dan — le témoin dont il attend le salut — arrivera-t-il à temps ? Ce roman peu commun révèle un écrivain dont la puissance, le style, le don d’analyse en même temps que le sens du « suspense » sont impressionnants.