L’histoire de René Waller commence à Sainte-Marie aux Mines, au pied des Vosges, en Alsace où il a vu le jour. Il a 14 ans, lorsque s’allument les lampions de 1936, éclairant la “lente mais inexorable marche du monde ouvrier vers un monde meilleur”. Dans l’univers de son enfance, se mêlent fraternité et fidélité à des origines simples, des expériences authentiques comme l’aube d’un jour d’été au sommet du Brézouard. C’est aussi un père, que ses camarades de travail accusent de trahison parce qu’il a accepté une promotion, une mère qui se venge des patrons, en trichant sur le nombre des fils qu’elle doit remplacer. Ce sont d’autres personnages encore, la “petite” grand-mère échappant de peu à son buffet qui s’écroule, la “Marguerite”, dont le chapeau tout neuf fait le régal des singes de la fête foraine, le Président Lebrun et son huit-reflets pour l’inauguration du tunnel sous les Vosges... Mais l’Histoire rattrape le jeune “futur instituteur”. La folie guerrière s’est déclenchée une nouvelle fois. Promu sous-officier de la Wehrmacht, malgré lui, il se retrouve sur le Front de l’Est, et finit la guerre “chez les Russes”, dans un camp de prisonniers à Timisoara. René Waller nous livre un texte limpide, comme s’il coulait de source. Il s’achève en juillet 1946, par le récit de ses retrouvailles avec Alice, qu’il épousera peu après.