Les poèmes de « Fumée de miroir » relèvent de la même inspiration que ceux de la « Cantate au pérégrin », publiée en 1977. Ils furent, d’ailleurs, composés à la même époque : dans les années 1945 à 1948. Ils en portent les mêmes thèmes et en réfléchissent les mêmes préoccupations. Solitude, attente, silence, composent cet univers de quête passionnée, embrasé d’espoirs fugaces, brûlé d’angoisses fulgurantes, éclairé de naïvetés anxieuses, de joies tristes et tourmentées. Cependant, on n’en pénétrerait ni l’épaisseur ni l’authenticité si l’on n’allait au-delà du sens littéral des mots. Le pérégrin de « Fumée de miroir » n’a pas encore atteint à la vision transcendentale du poète de « La Cantate au pérégrin ». Il est « en peine et de passage » et il se blesse aux murs du labyrinthe mortel où il est enfermé, attendant le signe, la lumière, le mot qui donneraient à l’amour - dont son cœur déborde - sa raison d’être et sa vraie dimension. Mais Dieu se tait. Et c’est dans la solitude des espaces spirituels, plus vaste que celle du monde sensible, au-delà des apparences et des anecdotes temporelles, qu’il faut plonger pour l’y découvrir. Au demeurant, « Fumée de miroir » et « La Cantate au pérégrin » ne sont pas une simple collection de textes. Ils racontent une aventure : celle de l’homme dans la douleur d’une foi qui cherche son intelligence.