Stabilisateur fondamental somatique et psychique, le sommeil permet la reconstruction des limites ; ces limites constituent en elles-mêmes une séparation, et cette séparation est elle-même nécessaire au dormeur pour retrouver son unité. Un tel parcours demande que le dormeur puisse avoir le vécu, tout à la fois physique et psychique, d’un état différent, dont il est le seul acteur. Chez le sujet souffrant d’insomnie, le contraste ressenti entre la veille et le sommeil, qui est perçu normalement chez le bon dormeur, paraît moins marqué. Autrement dit, l’écart d’un état à l’autre semble subjectivement moindre. Ce qui est en cause n’est ni une durée de sommeil, ni une durée de veille, mais la perception d’un rapport de forces entre les deux. L’insomnie n’est pas seulement un mauvais sommeil mais, dans une relation sommeil-éveil, un mauvais contraste entre l’éveil et le sommeil.