Une région vouée à la production du cacao, telle apparaît - depuis les débuts de la colonisation et encore vingt-cinq ans après la proclamation de l'Indépendance - la zone forestière du Cameroun. Cette extraversion continue de l'économie agricole, va de pair avec une acculturation, dont l'ampleur de la scolarisation donne la mesure. Rien d'étonnant, donc, que de vastes mouvements de migrations aient agité, depuis longtemps, les populations locales, bien avant l'essor démographique de la capitale qui, à présent, les polarise.Le point de vue sous lequel est abordée l'étude de ces migrations, est doublement original : d'une part, et grâce à de nombreuses enquêtes directes, les migrants sont saisis à la fois au lieu de départ, le village, et au lieu d'arrivée, la ville ; d'autre part, leur migration est replacée dans le contexte global, à la fois économique, culturel, et familial, qui constitue la trame de vie du migrant, et rend compte de ses déplacements.À la présentation des rapports du migrant à son village, puis à la ville, succède, en troisième partie, celle de la nouvelle structuration de l'espace régional, qu'engendrent ces migrations. Le dernier chapitre est celui d'une vision synthétique des thèmes analysés dans l'ouvrage, la conclusion posant la question du devenir de la ville et de la région, et suggérant des politiques propres à en réorienter le cours.Afrique en miniature, dit-on souvent, le Cameroun connaît les problèmes qui sont ceux de tout le continent, de sorte que l'intérêt de l'ouvrage dépasse singulièrement les frontières de ce pays. Ce livre s'adresse à tous ceux que préoccupe l'avenir de l'Afrique et, en particulier, l'inquiétante croissance de ses villes, avec son corollaire, « l'exode rural », dont les mécanismes sont ici démontés et expliqués.