En quelques années, ils ont pris une conscience de classe, ils sont devenus adultes : les cadres se définissent par un statut, des diplômes, des fonctions associées à un titre ; ils ont un langage, celui du management, une littérature, celle de la réussite. Ils affirment leur standing dans leur intérieur, leur vêtement, leur maintien. Ils ont leurs loisirs et leurs maladies. Leurs voisins sont des cadres ; leurs enfants, sauf exception, seront des cadres. Derrière ces stéréotypes, Alexandre Tic, lui-même conseil en recrutement de cadres, a voulu découvrir la réalité sociologique profonde. Pour cela, il a conjugué l’observation personnelle et le sondage d’opinion. Ses conclusions : le rôle et la situation des cadres dans notre société ne cesseront d’être ambivalents. On leur reconnaît un pouvoir qui glisse entre les doigts, une compétence qui fond au soleil ; ils sont les hommes d’une réussite qu’ils sont condamnés à sans cesse recommencer, les artisans d’un progrès que menace, chaque jour davantage, le spectre de la non-croissance. Il est difficile, aujourd’hui, d’être cadre et de trouver la sérénité dans le bonheur.