Cette recherche s'inspire des méthodes d'inventaire expérimentées depuis quelques années en zone agricole tempérée. Son objectif est d'adapter, au milieu naturel tropical sec, une analyse de l'occupation du sol reposant sur la représentativité, la fiabilité, et la précision des estimations de superficies. Au-delà d'une simple acclimatation au milieu naturel tropical, cette recherche méthodologique se propose d'étudier les avantages qu'il est possible d'attendre d'une utilisation conjointe de la télédétection et de l'enquête de terrain dans les inventaires d'occupation du sol. Elle a été testée en zone sahélienne du sud de la Mauritanie.La méthode d'inventaire proposée, repose sur le principe d'un échantillonnage aréolaire aléatoire de la zone d'étude. Les unités d'enquête, appelées segments, ont toutes la même superficie, leur répartition est effectuée par tirage systématique non-aligné, que l'on peut qualifier de "systématique et aléatoire". C'est à l'intérieur des segments, que sont effectuées les observations du milieu.À partir d'un constat de sous-exploitation des données satellitaires dans les inventaires en milieu naturel, cette recherche méthodologique tente de rationaliser les phases de préparation et de collecte des données, mais aussi celles de production des cartes et des statistiques d'occupation du sol en zone sèche. Les apports méthodologiques sont donc répartis en amont et en aval des opérations d'inventaire.À partir d'un enregistrement du satellite SPOT, une pré-classification est effectuée, pour réaliser et contrôler le plan de sondage, pour déterminer la taille optimale des unités d'enquête et des unités d'observation, pour guider la sélection des parcelles d'observation sur le terrain, pour améliorer la sélection des parcelles d'initialisation et de contrôle de classification au retour du terrain, etc.Une estimation de la superficie des différentes catégories d'occupation du sol est effectuée, ainsi qu'une estimation de la précision de cette estimation (pratique encore exceptionnelle pour les inventaires d'occupation du sol en Afrique tropicale sèche). Ces estimations sont réalisées avec et sans l'apport des données satellitaires, et leurs résultats sont comparés.L'apport de la télédétection, matérialisé par un redressement des estimations à l'aide de la méthode de l'estimateur par la régression, se caractérise par un accroissement de la précision relative des estimations et de l'efficacité de l'enquête de terrain.Sur les deux zones d'enquête qui ont servi de support à cette recherche, celle de Rosso voit sa précision relative moyenne passer de 38,5 % à 85,5 %, alors que celle de Lekseïba passe de 54,5 % à 88 % grâce à l'apport de la télédétection. En termes d'efficacité, sans l'apport de l'imagerie satellitaire, il aurait fallu - pour obtenir une précision moyenne équivalente, c'est-à-dire supérieure à 85 % - 28 fois plus d'unités d'enquête à Rosso et 11 fois plus à Lekseïba.