Si Saint Vincent revenait ? Question que se posent si souvent les « gens d’œuvres » et les autres, irrités parfois par une certaine routine de la charité. Et cependant, celle-ci n’est-elle pas — au XXe siècle — tout aussi indispensable qu’au XVIe ? La sécurité sociale n’a pas résolu tous les problèmes ; les pauvres sont toujours parmi nous. De tout temps, les Chrétiens ont été attentifs au devoir de la charité, mais a-t-on jamais autant que de nos jours mis l’accent sur les exigences d’une fraternité réelle ? Notre temps a compris la leçon de Monsieur Vincent : « C’est pour ton amour, ton amour seul, que les pauvres te pardonneront le pain que tu leur portes. » Notre temps a aussi compris que la charité dépasse le don d’argent, qu’elle est don de soi, amitié. Mais la charité a d’autres problèmes, elle s’insère dans la paroisse, elle la dépasse aussi. Elle saisit celui qui donne mais aussi celui qui reçoit. Et c’est, en définitive, toute une pastorale et toute une spiritualité de la charité qui s’édifient devant nous. Elles sont le fruit de la pensée et de l’action d’un fils de Saint-Vincent, né en 1914 ; entré chez les Lazaristes en 1931, refit ses études à Paris et à Dax, fut ordonné prêtre en 1938, et s’est consacré depuis lors aux organisations caritatives officielles de l’Église.