Les guerres ne sont ni fatales, ni imprévisibles ; on peut en suivre le cheminement tortueux, en suspendre le cours. Dans la période qui sépare les deux traités d’alliance germano-soviétique, les puissances victorieuses auraient pu instaurer — en Europe — un ordre viable qui eut préservé la paix. Les dissensions entre Français et Britanniques ont conduit à de redoutables revirements. Par quelle inconséquence, les Anglais ont-ils accordé à Hitler le droit de construire sa flotte de combat ? Si, du moins, les attaques contre la France vaincue et ses territoires d’Outre-Mer avaient servi la Grande-Bretagne, mais elles n’ont fait que hâter la dislocation de son empire. Il faut aussi se souvenir de l’immense marée humaine qui submergea les routes, de la peur qui égare la raison, crée ses hallucinations et ses pièges. Si la guerre, reniant son honneur passé, n’est plus que destruction aveugle sous une pluie de feu, où trouvera-t-on des chances de salut, sinon dans la maîtrise de soi qui commande les ressorts du courage ?