Clara Viel qui a chanté dans le monde entier. Elle est là, au midi de son âge, retirée à Joinville, dans le Cotentin. Les dunes, la mer grise et la solitude, et nul ne sait pourquoi elle a soudain renoncé, quitté la musique, les théâtres, fuyant de plus en plus loin. Etrange, silencieuse. Pour seul témoin de ce qu’elle semble chercher obstinément, un très jeune homme. Pour seules images — hormis les rochers, l’eau et le ciel —, ces éclairs déchirants des souvenirs. Berlin, la rencontre d’un peintre, Eric, l’amour qui enraye la mémoire. Pour seul lien avec le monde extérieur ces lettres arrivées de Prague où quelqu’un l’aime encore. Dans le souvenir tenace, il y a une cassure. Fêlure aussi dans son art. Une scène que Clara Viel ne peut pas reconstituer. Lorsqu’elle y sera parvenue au-delà de la maladie, de l’égarement, elle saura peut-être la vérité, saura pourquoi la mort l’attire si fort. Le hasard lui permet d’entrevoir encore une fois Eric ; enfin la scène s’éclaire. La mer, la mort se confondent. Martine Cadieu mène son récit sur un rythme où le désir de la nostalgie et la nostalgie du désir alternent comme la marée qui couvre et découvre ce sombre, énigmatique amour.