Mort le 10 juin 1584 à vingt-neuf ans, François de Valois n’est souvent connu que par sa disparition car elle fit de Henri de Navarre le nouvel héritier du trône de France. Ce prince ambitieux joua pourtant un rôle politique important au cours de la période marquée par les affrontements religieux. Son action ne se limita pas seulement à la France, et on le vit intervenir à deux reprises aux Pays-Bas alors en révolte contre le roi d’Espagne. En 1580, les Etats Généraux lui envoyèrent une ambassade chargée de négocier un traité visant à le reconnaître comme nouveau souverain après la déchéance de Philippe II. Le traité de Plessis-ès-Tours fut signé le 19 septembre 1580. Le duc entra dans ses nouveaux Etats en février 1580. Mais moins d’un an plus tard, ce fut la rupture: essayant de prendre Anvers par la force, les Français en furent aussitôt chassés. La Furie française (17 janvier 1583), comme est appelé cet évènement, ne provoqua pas cependant la fin de son intervention. Jusqu’à la mort du duc, des négociations de réconciliation se poursuivirent. L’époque de cette intervention correspond à une époque charnière dans la révolte des Pays-Bas. Si désormais, la division entre provinces catholiques et protestantes était consommée, rien n’était encore joué en 1580. Quatre ans plus tard, les choses avaient changé, Alexandre Farnèse achevait la conquête de la Flandres et Anvers sentait déjà la menace peser sur elle. Ce contexte aide à expliquer la fin funeste de l’entreprise du duc d’Anjou, il lui est lié. Les causes de l’échec de François de Valois ne sont pas à chercher uniquement dans la personnalité du prince. Le personnage était complexe et il n’est pas toujours évident de suivre les motivations de son action. Malgré ses défauts, il n’est pas seul responsable de son insuccès. Les acteurs des évènements (Etats généraux, entourage du duc, roi de France, roi d’Espagne...) sont nombreux et, sciemment ou non, ils prennent tous une part dans le déroulement des évènements. Tel est le sujet de cet ouvrage. Mais il est aussi une illustration de la politique française à l’égard de l’Espagne, toujours prête à agir contre le puissant voisin, reculant cependant aussitôt que celui-ci se montre menaçant.