Aujourd'hui encore - d'où l'actualité de ce livre - le monde est plein de pauvres. On en dénombre des milliards. Au XVIIe siècle, dans la période où se passe ce récit, Théophraste Renaudot pouvait lancer à Louis XIII : « Sire, vos Français sont des gueux ! » Il entendait par là attirer l'attention du roi sur la misère de ses sujets.
Ce sont ces gueux, ces gens de rien, mais capables de tout - le meilleur et le pire ! - que Thibaud de Locmaria, le héros de Charles Le Quintrec, veut aimer. C'est à eux qu'il va consacrer sa vie ardente et passionnée après avoir dépensé le sel de sa jeunesse dans les crimes de la dissipation.
Vrai récit de chevalerie, ce roman historique va sa course haletante avec une force extraordinaire. L'amour, la foi, les grands du royaume à commencer par le Cardinal de Richelieu, mais aussi et surtout le peuple, sont ici convoqués avec une violence de couleurs et de situations tout à fait exceptionnelle. C'est la marche vers la lumière, la quête totale dans un contexte qui n'est pas exactement celui de l'Eglise. En cela, Thibaud de Locmaria annonce ces sortes de saints laïcs dont on trouve trace jusque dans lceuvre d'Albert Camus.
Que de personnages inoubliables autour du héros primordial ! Avec les bonheurs d'écriture qui sont les siens, les doutes et les élans de spiritualité qui sontsa marque, Charles Le Quintrec, on pourra juger sur pièce - nous donne le livre que nous attendions de lui depuis vingt ans : un grand livre ?