"J'ai pris pour moi cette puissante vue de Hegel, que la philosophie n'est que la réflexion sur la religion, définition qui m'a paru excellente. Cherchez des exemples, il n'en manque pas. Même la politique, sujet dévorant, la politique ne prend l'ampleur que l'on nomme philosophique que par le conflit permanent de politique et religion. L'esthétique s'appuie sur les temples et sur les formes divines. La morale se confond presque avec la religion. La logique n'est réellement qu'un examen des raisonnements de métaphysique, surtout des preuves de Dieu. Bref la religion nous porte à la philosophie. Seule elle offre à la réflexion des objets non arbitraires, ce qui réduit la philosophie à une Critique. C'est ce que j'admets sans restriction. Que ceux qui chercheraient ici quelques derniers mots sur la religion et l'irréligion se détournent vers d'autres ouvrages où nous pensons que la religion ne sera pas considérée aussi amicalement, aussi fraternellement que dans ces Propos-ci. Quel est le but ? Il s'agit de vivre en bon voisin avec la religion, qui, dans le fait, vient toucher nos moindres pensées. Il s'agit encore de se délivrer pour toujours de ce qu'on a appelé d'un vilain mot, anticléricalisme, et qui en effet n'est à craindre que s'il serre le nœud de l'esclave. Il faut penser à la religion librement et sans humeur. C'est ce qu'on trouvera ici proposé et c'est ce qui étonnera les critiques, qui veulent que l'on prenne parti pour ou contre les bûchers. Sur ce sujet-là, justement, on aura beaucoup gagné si, par divers chemins, on s'approche un peu du fanatisme tel qu'il est, et tel qu'il est par la vertu de l'homme. Pareillement retrouver le sentiment religieux dans les populations les plus naïves, en faire en quelque sorte, l'histoire naturelle ou la physiologie, ce sera s'y reconnaître, ou mieux, reconnaître en soi le fétichiste, le métaphysicien, le superstitieux. Tel est le principe de la véritable tolérance, qui exclut entièrement le mépris. [...] Par ces exercices le lecteur fera l'expérience si importante de ceci, que les grandes œuvres de l'esprit ne peuvent être dites ni vraies ni fausses, ce qui est surtout sensible de la religion qui est une chose humaine aussi naturelle que le Parthénon ou la Vénus de Milo. La réconciliation est en vue par ces remarques, ainsi qu'un nouvel âge où l'on ne réfutera personne, ce qui ouvrira à tous le chemin de penser." — Alain (Extrait de la préface).
Editeur : République des Lettres
Publication : 7 décembre 2021
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
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Contenu(s) : WEB, ePub, Mobi/Kindle
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EAN13 Livre numérique eBook [WEB + ePub + Mobi/Kindle] : 9782824906454
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