L’histoire de l’épiscopat de Mgr Raess n’a jamais été écrite. Nous ne disposons que d’études fragmentaires. Souvent, elles sont de tendance opposée : ou hostiles ou apologétiques. René Epp, que la préparation de sa thèse a mis au contact de nombreuses archives du XIXe siècle, nous présente aujourd’hui, écrite de manière objective, une biographie du prélat, dont l’épiscopat domine l’Histoire de l’Église d’Alsace au siècle dernier, et a profondément marqué l’Alsace catholique. À travers cet épiscopat, c’est toute la vie religieuse de l’Alsace catholique au XIXe siècle, que l’auteur s’est employé à reconstituer. Son étude, capitale pour la connaissance de l’Histoire de l’Église d’Alsace, particulièrement intéressante par le contexte général dans lequel elle se situe, par les nombreuses questions auxquelles elle touche, et par les problèmes qu’elle aborde, est on ne peut plus instructive pour la compréhension de la situation religieuse présente. Le catholicisme alsacien a gardé, en partie, jusqu’à nos jours, le visage qu’il a pris sous Mgr Raess. L’influence de l’évêque de Strasbourg a dépassé les limites de l’Alsace. Elle s’est fait sentir non seulement à l’intérieur de la France, mais encore au delà du Rhin. Mgr Raess a été, toute sa vie, un trait d’union entre l’Église de France et l’Allemagne catholique. Il a contribué aussi, pour une bonne part, à faire triompher la primauté romaine et l’infaillibilité pontificale dans l’Église, spécialement au premier concile du Vatican.