L’ancien parc est maintenant en complet chamboulement. Imagine-t-on ces lourds charrois sillonnant Brunoy, chargés de terre, de pierres, de bois, de tuyaux de fonte ou de fer puis, vers la fin de sa réalisation, d’arbres presque adultes, pour donner à l’ensemble plus que son âge ? Imagine-t-on ces centaines d’ouvriers, venus de plusieurs lieues à la ronde, logés dans les chaumières de Brunoy et des environs, travaillant du lever du jour à la tombée de la nuit ? Imagine-t-on enfin ces artistes travaillant — pour la plupart sur place — à manier le ciseau de pierre pour façonner les statues, les vases et les vasques qui orneront bientôt chaque coin du parc ? Imagine-t-on ce jour d’été 1762, où Laurent abaissa la vanne du moulin ; la roue tourna d’abord lentement, les bâches d’eau de la machine se remplirent petit à petit, puis les pompes se mirent en mouvement, l’eau jaillit alors de l’urne de la colossale statue, et dévala bruyamment la cascade. Au même moment, de tous côtés, les jets d’eaux s’élevèrent dans les airs. En un instant, tout le monde fut ébahi de tant de surprises puis, d’instinct, applaudit le génial réalisateur de ces fééries.