Maurice Bruzeau nous donne l’un de ses plus courts romans, mais aussi l’un des plus denses. Un écrivain surmené passe un mois de repos dans une maison de la Côte d’azur : « L’arche » est habitée par des locataires étranges, parmi lesquels un jeune architecte français et sa compagne, Anne-Lise, une danseuse noire née en Allemagne. La tendresse que conserve encore cet écrivain pour Florence, dont il est cependant séparé, et l’amour que va lui inspirer Anne-Lise, ne sont pas des sentiments simples quand ils se heurtent au voile — amer ou tragique — des souvenirs auxquels il ne peut échapper : les souvenirs sauvages... L’histoire du narrateur n’a, semble-t-il, rien à voir avec le drame qui survient chez son voisin, le vieux Monti, paysan montagnard et propriétaire ruiné de « L’arche ». Mais ce n’est qu’une apparence, dont l’auteur à la fin s’explique, donnant ainsi une singulière portée à ce roman tendre et cruel, déchiré mais passionnant : « Comment approcher la complexité et les mouvements internes de l’humanité, autrement qu’en étudiant le comportement des individus qui se côtoient en s’ignorant, et en apportant le témoignage irréfutable de leur existence ? »