Adèle Ripois a vu le jour dans un village. Quand il lui faut, adolescente, gagner son pain, elle ne trouve pas de travail. Elle fait ses paquets pour Paris. Petites annonces : elle va trouver un emploi de vendeuse. La lingerie, puis les chaussures. L’activité n’est qu’une fatigue, les employeurs et les clients sont comme en dehors de sa vie. Elle trouverait presque plus de cœur aux simples bruits d’objets qu’à travers les murs elle perçoit, rentrée dans sa chambre. Mais c’est la solitude. Adèle, insensiblement, parce que c’est bon le soir deux bras qui vous serrent les épaules, va s’écarter vers quelque chose qui n’est pas la prostitution, mais qui y ressemble un peu. Histoire si souvent vraie, condamnation d’une société, que Guyette Lyr ne raconte pas seulement avec tact, mais avec cette drôlerie qui lui est propre, cette poésie affectueuse qui lui permet d’éclairer beaucoup d’angles morts, de coins d’ombre, et de donner toute sa densité à ce portrait de femme.