Composé à l’occasion du dramatique exode des catholiques du Nord-Vietnam fuyant vers le Sud le régime communiste, ce livre, œuvre d’un Vietnamien converti depuis peu au christianisme, retrace le lent et sanglant enfantement de l’Église vietnamienne depuis sa fondation au XVIe siècle jusqu’à nos jours. Laissant de côté les mobiles politiques auxquels obéirent les souverains du Vietnam dans leur pourchas obstiné et impitoyable des adeptes de « la religion perverse », l’auteur relate, persécution après persécution, le lugubre martyrologe des missionnaires européens et de leurs disciples autochtones, prêtres et simples fidèles. Par récapitulation, il évalue à 130 000 le nombre des catholiques vietnamiens, qui, plus épris de leur foi que de leur vie, périrent de mort violente, après d’affreux tourments, au cours des âges, mais surtout au milieu du XIXe siècle. Ce chiffre, non atteint par aucune autre des jeunes églises chrétiennes d’Asie, même au Japon, a permis au pape Pie XI de dénommer l’église du Vietnam la fille aînée de l’Église catholique romaine dans l’Extrême-Orient. Animé d’un esprit de fervente commémoration et de pieuse commisération envers les obscurs et glorieux martyrs de l’Évangile au Vietnam, M. Tran-Minh Tiet s’exprime sans amertume ni ressentiment. Ouvrage de vulgarisation écrit à l’usage des écoliers de France, le livre est dépouillé de tout appareil critique encombrant. En dépit de l’orthographe défectueuse de quelques noms propres, il suit assez fidèlement la vérité historique pour présenter une réelle valeur documentaire. La hauteur de l’inspiration, la franchise du ton, un accent d’émotion contenue recommandent ce courageux témoignage et ce beau livre, d’excellente présentation typographique, à tous les amateurs d’histoire religieuse et d’histoire indochinoise.