Le récit commence la veille de la seconde guerre mondiale pour finir de nos jours, et l’évolution psychologique des personnages principaux subit l’influence de ces années terribles. Une Française encouragée par des relations de famille, commet l’imprudence d’envoyer Diane, sa fille unique, de Paris, où elle est née et où elle a vécu, chercher un fiancé riche dans un village patriarcal des Alpes. La jolie Parisienne est aussitôt l’objet des convoitises de jeunes fascistes. Diane sans tenir compte de ses réactions contraires à ce milieu traditionnel comme au fascisme, mais attirée par la richesse et aussi par une sympathie incompréhensible, finit par épouser Adrien, un jeune ingénieur, en vérité plus chrétien que fasciste, et dont la guerre va bientôt faire un officier d’aviation. Plutôt que de se battre contre la France et l’Occident, Adrien prend généreusement pour l’Europe des risques plus téméraires dans ce conflit insensé. Victime de la guerre, après des années de souffrances et de nombreuses péripéties qu’une amnésie fatale l’empêche de révéler dans toute leur horreur, il revient comme le réfugié d’une autre planète au village natal et à son foyer : c’est un monde qui disparaît avec lui. Mais ce monde qui est le passé avec ses vertus héroïques, revit mystérieusement dans le cœur de la jeune femme et l’idéal d’Adrien devient celui de Diane alors qu’il vient de mourir. Longtemps soumise aux hasards de la guerre civile et aux tentations d’une ardente solitude, accablée par des tâches redoutables et par le poids des souvenirs et de l’angoisse, animée ensuite par la volonté de rendre efficace le sacrifice de son mari et de continuer l’œuvre séculaire de sa famille en l’adaptant aux temps nouveaux, cédant après une résistance acharnée au désir sans cesse en éveil, elle croit devoir accepter pour accomplir sa mission un second mariage moins romantique et moins héroïque que le premier ; c’est avec ce mari, qui sans renier le passé sait tendre les bras vers l’avenir, et avec l’enfant qui est né de leur union, que Diane repart enfin pour Paris. Le réalisme du récit parfois satirique ne se refuse pas aux ascensions spirituelles et laisse entrevoir le surréel. L’action se déroule dans la magnificence des montagnes dont l’ombre couvre les appels des sens et les remous contradictoires de la vérité humaine. Né à Paris d’une famille italienne, M. Lucien Gennari représente dans ses œuvres, parmi lesquelles il ne faut pas oublier ses pièces de théâtre du genre pathétique-burlesque-surréel, une fusion originale de l’esprit français et de l’esprit italien.