La France est traversée aujourd’hui par un courant complexe fait de désarroi des intellectuels, de doute des citoyens sur leur destin collectif et d’immobilisme réel de la société : ce climat ambiant relève, à son plus haut degré, de ce qu’il faut bien appeler la maladie française de la volonté. L’incapacité de choisir, c’est la réticence à prendre des décisions (politique de défense), c’est la tentation de rester à la surface des choses (politique culturelle) et c’est l’inaptitude à proposer des desseins précis (relations internationales). L’incapacité d’espérer, c’est le sentiment que le déclin de notre pays est inéluctable (politique économique) et que nos réactions ne seront jamais à la hauteur des problèmes que nous rencontrons (démographie). L’incapacité d’une volonté commune, enfin, c’est la disparition croissante des valeurs collectives et la défiance à l’égard des organisations sociales : ces évolutions expliquent en grande part la crise actuelle de l’État-Providence et le reflux des individus dans une inaptitude croissante à vivre en collectivité. De ce constat, il faut tirer une stratégie et une conviction : le refus de la résignation constitue un formidable point d’appui. Notre pari pascalien est que rien n’est aujourd’hui irréversible ni intangible dans ce sort médiocre qui, selon certains, serait dévolu à notre pays. Il s’agit bien de proposer une morale du quotidien et une nouvelle façon de penser et d’agir. Ceux qui, n’étant plus capables que de lucidité spectatrice, raillent l’aspiration au volontarisme ne savent pas que son absence conduit à l’abandon de tout dessein et qu’il n’existe sans doute pas d’autre énergie capable de contrarier l’assoupissement des nations.