« [...] Pour moi ce n’est pas la poésie contemporaine qui est difficile, c’est l’état contemporain des choses qui est cause de la difficulté de la poésie. Il y a aujourd’hui, au sein d’une grande diversité de voix poétiques, des poètes qui écrivent difficilement (pour la compréhension immédiate) et d’autres pas. Les seconds n’ont pas beaucoup plus de lecteurs que les premiers. L’argument de la difficulté, opposé à la poésie contemporaine en général, à certains poètes en particulier (et souvent par d’autres poètes), est une diversion indigne du problème. Je dirai aussi que la difficulté d’entendre une poésie est d’autant plus grande qu’on en lit, ou a lu, ou entendu peu. Mettez-vous au lit pendant trois mois. Vous verrez comment, ensuite, la marche vous paraîtra difficile. La mémoire de poésie doit s’exercer. » Jacques Roubaud. Lors des premières rencontres de Chédigny, Jean-Marie Gleize et Jean-Claude Pinson avaient présenté leur panorama de la poésie des années 1970-1990 et défendu leur conception différente de la poésie. Devant la richesse et la complexité des enjeux, les rencontres de l’année suivante furent exclusivement consacrées à la poésie française contemporaine. Avec la volonté de présenter une poésie vivante, polyphonique, outre des éditeurs, des directeurs de revues et des organisateurs de manifestations consacrées à la poésie, furent invités des poètes afin qu’ils évoquent, à leur tour, un poète de leur choix.