Au second semestre de 1997. une grave crise financière éclatait en Asie, frappant des pays dont la plupart connaissaient depuis de nombreuses années une croissance élevée et durable. La Thaïlande. les Philippines, l’Indonésie. la Malaisie et la Corée ont été emportées par une lame de fond qui s’est ensuite étendue aux autres marchés émergents et a provoqué de graves perturbations sur l’ensemble des marchés financiers à l’automne 1998. En faisant choir de son piédestal le modèle asiatique de développement, la crise a provoqué en Asie des bouleversements qui peuvent se révéler salutaires, malgré le prix payé par les populations. En montrant de nouveau les points faibles du système financier international, elle a souligné combien il est urgent de ramener un peu d’ordre dans la ronde folle des capitaux en liberté. Plus de trois ans après ces événements, le présent rapport s’attache à montrer que tous les enseignements de la crise n’ont pas encore été tirés : un dialogue plus fécond entre l’Europe et l’Asie permettrait de mieux équilibrer l’ordre politique et économique mondial ; la réforme du système financier international doit échapper aux seuls technocrates et laisser toute sa place à l’expression légitime des aspirations des peuples, dans un cadre véritablement démocratique.