En 1945, lorsque se pose, avec le problème indochinois, la question de l’avenir de l’Empire français, « Le Monde » prend fait et cause pour la nouvelle politique coloniale inspirée par le général de Gaulle, définie à Brazzaville et mise en œuvre par l’amiral Thierry d’Argenlieu. Il mène alors en faveur de cette politique, à laquelle s’opposeront bientôt le Viêtminh et ses partisans en métropole, une campagne « néo colonialiste » avant la lettre. « Le Monde » ne va pas tarder cependant à évoluer et, vingt ans plus tard, c’est dans un esprit tout autre qu’il fera l’historique des origines du conflit franco viêtnamien. Une campagne néo colonialiste du « Monde » fait revivre au jour le jour les péripéties de cette campagne et met en évidence le fossé qui s’est creusé entre « Le Monde » de 1945 et celui de 1966. C’est une nouvelle contribution à l’étude d’un journal qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Ancien membre des missions universitaires à l’étranger, Guy Hostert a été correspondant du « Monde » à Damas puis à Budapest. Auteur de « Choses vues en Hongrie », recueil de notes et réflexions sur la vie quotidienne en pays magyar après l’insurrection de 1956, il s’est efforcé de tester le poids du socialisme dans « Le Journal Le Monde et le Marxisme ». Enfin, dans « Il était une résidence… », il montre les passions — où la politique n’est pas absente — qui agitent une microsociété typique de notre temps.