Le vent de la modernité qui souffle en tempête secoue dangereusement notre vieille civilisation paysanne menacée de déracinement. Une génération a été instruite et formée depuis 1965 selon le postulat : votre pouvoir et votre avenir ne dépendent que de votre aptitude à produire. Dans leur grande majorité les hommes et les femmes de cette génération découvrent aujourd’hui que cette démarche les conduit dans une impasse car l’homme n’est pas seulement une machine à produire, il doit être aussi acteur et citoyen dans la société dont il est et dont il dépend. Le monde actuel est devenu faussement consensuel et parfois hypocrite à l’égard des paysans. La vocation de l’agriculture sera-t-elle de créer et préserver des emplois, d’exporter, d’occuper le territoire ? Le monde agricole, déboussolé par les errances européennes s’enlise dans les débats réducteurs parce que l’on a – encore une fois – oublié l’essentiel : la nature des modèles économiques n’a de signification que par la finalité que l’homme leur donne. Placer l’homme au cœur du débat signifie refuser la fatalité des mécanismes libéraux et rechercher les modes d’organisation qui permettent au plus grand nombre d’agriculteurs de vivre dignement sur leurs exploitations. Les racines paysannes sont dans la culture et la force collective des hommes de la terre. Face aux défis du monde actuel, le pouvoir et l’avenir des paysans tiennent principalement dans l’adaptation et la modernisation de ses forces collectives. La modernité c’est aussi accepter et organiser le changement, dans les structures mais surtout dans les esprits.