Marginaux, exclus, qualificatifs couramment employés à notre époque, peuvent être replacés dans un contexte historique long, non pour en minimiser la portée, mais pour prendre conscience que les maux qu’ils servent à dénoncer ne sont pas nouveaux. Aux époques moderne et contemporaine, ce sont les mendiants et vagabonds que l’on rencontre constamment dans les écrits des responsables politiques et administratifs. La pauvreté, l’indigence, ne sont pas des phénomènes accidentels. Leur origine est structurelle avec des pointes ou des creux conjoncturels liés étroitement aux fluctuations économiques autant qu’aux retombées sociales des progrès techniques. Elles engendrent des contractions de l’emploi. Face à ces maux les pouvoirs, quels qu’ils soient, réagissent, hésitant entre la prévention-assistance et la répression, ou tentant de les combiner. Les solutions multiples, proposées et utilisées, « grand renfermement », « dépôts de mendicité », « colonies pénitentiaires », etc., coûteuses pour les collectivités, s’avèrent inefficaces. L’interdiction de la mendicité, la « répression des abus », le dont tout autant. Gabriel Désert