Partie longtemps ignorée, voire méprisée – notamment en France – de l'œuvre de Hegel, la philosophie de la nature est pourtant le moment médian de l'Encyclopédie des sciences philosophiques. Cette seule circonstance suffirait déjà à justifier la tentative de restituer le sens de cette articulation essentielle d'une pensée, dont l'originalité et la fécondité ne sont plus guère contestées aujourd'hui. Si l'on consent à mettre à distance toute lecture prévenue de ces textes foisonnants, et souvent déconcertants, on y découvrira à quel point, ici comme ailleurs, Hegel est notre contemporain. Bien loin de ne constituer qu'un avatar de la Naturphilosophie romantique, le discours hégélien vise, par une lecture critique et une réélaboration conceptuelle des énoncés de la physique classique, à déterminer les principes d'une épistémologie dialectique des sciences de la nature. Qu'une telle épistémologie offre les moyens de penser philosophiquement la teneur et les implications théoriques des grandes révolutions scientifiques du XXe siècle, est alors la conviction que cet ouvrage s'emploie à fonder.