« Le goût du sel » est un roman d’évasion. Lorsque Marc quitte la côte à bord du Teresa en compagnie de son ami Adrien, il voit la terre s’éloigner, devenir floue. Deviennent flous, en même temps, les idées toutes faites, les personnes déifiées, les grands mots creux tels qu’Amour, Culture ou Politique. Marc ne hume pas seulement un parfum de goémon et d’aventure. Il ne découvre pas seulement la mer, la pêche, les poissons et une forme de rapports humains qu’il ignorait. Il fait la découverte de lui-même. En faisant basculer le décor, il s’est évadé par l’intérieur et peut aller à la rencontre de ce que Giono appelait « les vraies richesses ». Roman d’évasion aussi pour l’Auteur. Critique littéraire à « l’Express », producteur et reporter à la Télévision, je vis à l’affût de l’actualité et même de la nouveauté. Mon époque me passionne. Mais, comme tout le monde sans doute, je cultive un jardin secret qui n’a rien à voir avec mes activités professionnelles et qui conteste — ou qui équilibre ? — la civilisation moderne dans laquelle je suis si solidement ancré. Ce jardin secret — un jardin dans la mer — se situe sur les côtes de la Manche, près de Fécamp, là où Marc et Adrien partent chaque dimanche retrouver sur leurs lèvres le goût du sel. Peut-être moi aussi, en croyant m’évader, me suis-je découvert — au sens où l’on dit d’un boxeur qu’il se découvre… E.L.