Pierre Bertheau a publié récemment Le polyglotte muet, son dernier roman et il vient de déménager. Un déménagement, cela déplace bien plus que des meubles et des livres. Famille, êtres chers, étoiles mortes, et les personnages qu'il fut lui-même, assaillent sa disponibilité passagère. Et les années, les combinaisons innombrables d'une vie. Le voilà dans son nouveau séjour de Neuilly, déjà pris aux rets des hôtes d'un chalet voisin, et surtout de Katia. En alternance, il poursuit une subtile liaison avec Odile, intelligente et belle et revit, en un lointain été anglais, ses amours juvéniles avec Dimples (prononcez Dim' peulz, traduisez fossettes). Une reconstitution riche en découvertes. À la triade sentimentale Dimples-Odile-Katia, s'ajoute une soixantaine de personnages qui sortent du passé, traversent le présent, dont une chatte et un merle. Et aussi des réflexions sur la création et l'état de romancier. Mais, peut-être, ces vers de Supervielle auraient-ils suffi à présenter ce roman : un visage entre deux portes, un visage entre deux rues, plus qu'il n'en faut pour un homme fuyant son propre inconnu.