Amsterdam, un soir d'hiver. Claude y arrive en 2 CV, des Cévennes, pour acheter un bateau d'occasion. Homme libre, toujours tu chériras la mer et les bateaux qui permettent de prendre le large. La remise en état du bateau de Claude, marin de fortune, fait un quotidien laborieux et patient où l'avenir est comme l'horizon qui recule toujours, voilé de fumées pour masquer la mort. C'est l'histoire d'amour d'un aventurier du bonheur et d'une femme de marin qui n'a pas la vertu des femmes de marins. Cette Kathy, pas jolie mais mieux que belle car son corps a le goût violent de l'amour, saute allègrement, son petit sac au bout du bras, d'une misère à l'autre. Claude et elle vivent des amours mortes d'avance, tendresse, pitié, rires et larmes, défiant la solitude des êtres sur l'Amstel, dans un bidonville flottant, le Petit Hong Kong où des paumés de diverses nationalités se donnent l'illusion de prochains grands départs en bricolant de vieux rafiots tout juste bons à rester à quai. Au-delà du vertige de vivre — et du bien-vivre hollandais — il y a un regard calme et lucide qui observe le monde et le sentiment tragique de la vie qui s'écoule avec le tournoiement des mouettes dans le ciel blanc, dans la pluie et le vent, les carillons et les sirènes, — la vie qui s'écoule comme l'eau sous les ponts d'Amsterdam.