« Lorsque Don Juan y revint, pour son ultime périple, la nuit et le chaos des derniers âges régnaient sur Bharata. Le feu des bûchers funéraires se propageait sur le pays tout entier, forêts, campagnes, cités, envahissait le ciel, ravageait les demeures des anciens dieux, et attirait des hordes de voyageurs en fin de course, comme ces brasiers qu'allumaient - les nuits de tempête - les pilleurs d'épaves sur les côtes d'Occident… »Mais Don Juan n'était pas un voyageur comme les autres, comme tous ces branleurs mystiques, qui sillonnent les routes de l'Inde, sac au dos et joint au coin des lèvres. Don Juan, c'était ce type en smoking blanc et lunettes noires, qu'on avait vu débarquer un matin, le dernier jour avant la destruction du vieil aéroport, une petite valise noire à la main. Derrière ses lunettes noires, il y avait ses yeux illuminés par la came, toujours plus forte, toujours plus dévorante, jusqu'à l'ultime flash ; et dans la valise fermée à double tour, il transportait les documents secrets de la Fondation du Nouvel Âge, cette organisation tentaculaire vouée au contrôle et à la domination du monde… Et puis, il y avait aussi ces visages, ces sexes de femmes - Mélanie, Maria et les autres - qu'il poursuivait tout au long de sa route titubante, à travers une Inde livrée au massacre et à l'incendie, embrasée par les flammes du dernier combat des révoltés, ivres de drogue et de sang, contre les forces de l'ordre et de l'oppression totale.Avec un déferlement de mots d'une richesse rarement atteinte, dans un climat de violence où les scènes les plus dures ne sont jamais gratuites, où l'insoutenable devient fascinant, grâce à la qualité littéraire, Gilles Charpy a réussi un roman exceptionnel, mêlant - de manière inoubliable - le romanesque et le vécu.