Le livre d’Yves Careil est le compte rendu d’une recherche de longue durée sur la genèse du rapport au savoir. Une recherche abordée d’une manière à la fois large et fortement contextualisée et qui a été menée auprès des élèves scolarisés dans deux collèges socialement contrastés, un « centre ville » et une « ZEP à recrutement mixte » de l’agglomération nantaise, ayant pour sa part ses spécificités. Le travail d’enquête, effectué à partir de bilans-médiations et d’entretiens semi-directifs complémentaires, emprunte des voies multiples : celle de la construction des entre-soi collégiens au regard des nouvelles formes de la reproduction sociale et scolaire ; celle d’un retour réflexif sur les héritiers et la reproduction quarante ans après ; celle d’une réflexion approfondie sur les difficultés actuelles des collégiens à pouvoir concilier leur identité d’élève et leur identité d’adolescent, ou encore celle de l’étude des effets de l’islamisme à l’école pas vraiment rassurants pour l’avenir... Ce texte s’efforce de prendre en compte les effets de contexte. Ce faisant, il invite à considérer avec la plus grande attention la pression concurrentielle qui pèse de plus en plus lourd sur les établissements scolaires, pression qui a des conséquences très importantes sur les conditions de l’enseignement-apprentissage. Il propose en définitive une approche renouvelée concernant l’analyse sociogénétique des processus de construction des individus. Certains lecteurs trouveront sans doute dans ce livre des arguments pour lutter efficacement contre la domination sociale et scolaire. D’autres y verront plutôt une sorte de manuel destiné aux parents déjà confortablement dotés en capitaux et soucieux de se professionnaliser encore davantage pour aider leurs enfants à réussir au plus haut niveau...