En incarnant une certaine idée du service public, François Bloch-Lainé a marqué toute une génération de hauts fonctionnaires. Ses expériences, ses initiatives, les positions qu'il a prises — et qu'il explique ici — ont fait de lui un prototype (classique ou original ?) des grands commis de l'État, en un temps qui, du Front populaire à ce jour, a vu les plus profondes transformations de la société française depuis la Révolution. Voici, suscité par les questions pressantes de Françoise Carrière, le témoignage d'un homme qui a servi en liberté dans des milieux mal connus dont il parle librement. Ses comptes rendus évoquent, après les années d'apprentissage et quelques vagabondages (la Résistance, l'Extrême-Orient...), une gestion du Trésor public tournée vers la modernisation du pays, de grandes institutions financières mises par lui au service des collectivités et des entreprises, pour le développement économique et social. À quoi s'ajoute la philosophie du dimanche d'un activiste des jours ouvrables qui a enseigné pour s'instruire, qui veut comprendre et expliquer sans craindre de déranger, qui se préoccupe maintenant de transmettre son acquis. La fonction publique restera-t-elle ce qu'elle fut pour lui : un des métiers les plus indépendants qui soient ?