On nomme magnin ou magnien, en Lorraine et en Alsace, un petit industriel dont le métier est d’aller de village en village, de ferme en ferme, notamment à l’époque des fêtes patronales, pour rétamer les casseroles, refondre les cuillers d’étain, raccommoder les parapluies, ou en vendre de neufs ou d’occasion... Le magnin, après une absence de quelques jours, revient à la maison pour repartir avec une nouvelle provision d’étain, un nouveau stock de parapluies.

Le métier de magnin s’exerce générale­ment de père en fils. Si bien que la désignation de la profession finit par l’emporter sur le nom patronymique et qu’il se donne indifféremment à tous les descendants et alliés des magnins.

Par leur vie nomade, les magnins sont généralement des conteurs ingénieux, connaissant toutes les histoires qui depuis des siècles et des siècles sont la littéra­ture du peuple. Invités aux noces et aux repas des fêtes villageoises, ils paient leur écot par ces nouvelles gauloises qui sont le meilleur dessert d’un festin campagnard. Les contes qu’ils narrent avec humour en amènent d’autres de leurs auditeurs. Le magnin ne les oublie pas. Il les emmagasine en sa gibecière de mémoire; plus tard, il les racontera à son tour, en leur donnant la forme et l’esprit qui sont son originalité propre.

Telle est l’origine des Contes licencieux d’Alsace, publiés pour la première fois en 1906 et dont voici une nouvelle édition entièrement recomposée.