D’autres petites têtes blondes et brunes ont pris la place et s’agitent toujours autour de la même glacière, du même pâté de sable, de la même mer bleue qui nous a vu vieillir un peu plus chaque été. On se dit que les aiguilles ont tourné bien vite. Pas plus vite qu’à l’époque pourtant où c’était nous les mômes de cette plage. Ça paraît si loin qu’on s’en souvient à peine, se demandant même si tout ceci n’est finalement pas qu’un vieux film qu’on se repasse, le cul sur le sable mouillé à regarder les vagues grimper sur nos chevilles… Mais soudain, il fait soif et, sans y penser, on ouvre un Coca qu’on porte instinctivement à ses lèvres et tout revient pendant un millième de seconde. Le goût du sucre des années passées, la couleur du maillot de bain qu’on portait, la tête d’un copain de baignade, le prénom de la petite blonde… Et la petite boule au ventre, aussi.