Einstein aimait à dire : « Une nouvelle manière de penser est obligatoire si l’humanité veut surmonter sa crise actuelle et progresser. » C’est que, si l’explosion scientifique du XXe siècle la plonge dans une révolution à nulle autre pareille, qui lui assure des progrès matériels et médicaux inespérés, elle la menace de périls extrêmes : péril nucléaire, péril démographique, péril biologique, risque de dégénérescence de l’espèce dans une ère d’abondance généralisée. L’auteur expose que cette nouvelle manière de penser doit résulter de l’approfondissement de la révolution scientifique sur le plan des idées générales et de la synthèse, c’est-à-dire sur le plan philosophique. Cet approfondissement se dégage de la critique des théories physiques en continuelle évolution depuis le début de ce siècle. La méthode expérimentale a désormais envahi tout le champ de la connaissance. Ses acquisitions s’effectuent par approximations successives, et s’expriment par des théories qui ont complètement renouvelé nos concepts familiers d’espace, de temps, de matière, d’existence, de vérité, de réalité, etc. Elles révoquent toute philosophie fondée sur des notions premières, absolues et définitives. À titre d’exemples, l’auteur applique ces idées : au problème des croyances religieuses, en renvoyant dos à dos les plaideurs dans les procès que se font mutuellement croyants et libres-penseurs ; au problème de la morale individuelle, qu’il transpose en celui — très positif et beaucoup plus large — de l’organisation de l’action, compte tenu de nos informations en continuel développement ; au problème économique et social — et à celui de la démocratie — en démontrant que les idéologies, qui sont nées au XIXe siècle et qui orientent encore notre action, sont aussi inappropriées à notre temps que l’auraient été — pour leurs fondateurs — les idéologies du temps de Charlemagne. Enfin, il propose d’encadrer toutes les éthiques qui inspirent encore les peuples, par une éthique générale d’intervention, ou doctrine d’action des collectivités et des élites responsables de leur destin. Dans cette nouvelle conception, les plus favorisés doivent donner l’exemple de la limitation nécessaire des richesses, et les jeunes générations doivent délaisser les idéologies du passé, et aborder résolument les problèmes de l’avenir. La lecture de cet ouvrage suppose seulement la culture assurée par les études secondaires.