« Il y a des moments où tout semble fichu d’avance. Comme au marathon. Les vingt premiers sont devant vous et il ne risque plus de se passer grand-chose de bien. » Que trouve-t-on en général au dos d’un livre ? Ses premières lignes, comme ici, des noms de personnages, le début de l’histoire qui va leur arriver, parfois plus, souvent moins. On y découvre, savamment mêlées les intentions de l’auteur, la confiance de l’éditeur, bref tout ce qui en principe doit nous donner envie d’entrer, de retourner le livre en question et de l’ouvrir. Seulement on devrait entrer dans ce court roman sans bien s’en rendre compte, s’y glisser, s’y lover pour quelques heures en oubliant l’essentiel : les raisons bonnes ou mauvaises qui nous ont conduits justement à l’ouvrir. Son titre, ses premières lignes, la voix cassée de Harry le narrateur qui nous parle à l’oreille de son amour pour Jackie Rourke la chanteuse de blues, de New York où il fait trop chaud cet été-là, de sa femme Muriel qui n’arrive pas à le quitter, du film qui doit retracer la vie de Jackie quand celle-ci aura disparu..., voilà pour « l’essentiel ». Il est recommandé de conclure ce genre de texte par quelques questions, nous ne nous en priverons pas : Harry finira-t-il par retrouver Jackie ? Est-elle vraiment morte comme semble le croire et l’affirmer un peu hâtivement le commissaire Reeves ? Tous ces personnages ne sont-ils pas allés trop souvent au cinéma ? Et enfin, qu’y a-t-il de plus important : une anecdote, les aventures et les mésaventures de quelques personnages qui gagnent à être connus ou bien le ton et la musique d’un jeune auteur qui fait ses premiers pas ?