Eddy Paape naît le 3 juillet 1920 à Grivegnée, près de Liège (Belgique). Fils de militaire, il se passionne très tôt pour le monde du spectacle et intègre diverses troupes théâtrales durant son enfance. Ses parents l'inscrivent toutefois dans une école d'art, l'institut Saint-Luc, en classe de décoration, où il peut exprimer d'autres penchants, pour le dessin et la peinture. Avec un camarade étudiant, Jacques Eggermont, il participe à la création d'une section Animation où il apprend les rudiments de la discipline. Ils intègrent ensuite tous les deux un petit studio de dessin animé liégeois, la Compagnie belge d'actualités (CBA), où ils réalisent leurs premiers films d'animation en noir et blanc, cosignés « Jackeddy ». Lorsque le studio déménage à Bruxelles en 1945, Paape enrôle trois jeunes gens dans l'équipe : Franquin, Morris et Peyo. Mais la collaboration est de courte durée, puisqu'en septembre de la même année, la compagnie met la clé sous la porte. Franquin et Morris se tournent alors vers la bande dessinée et les éditions Dupuis, entraînant Paape dans leur sillage, presque malgré lui. Lorsque Jijé abandonne sa série « Jean Valhardi » en 1946, il la lui confie du jour au lendemain sans la moindre période d'essai. Il réalise alors près de 400 planches en huit ans. Les scénaristes se succèdent à ses côtés, Jean Doisy, Yvan Delporte ou Georges Troisfontaines. Mais c'est surtout grâce à Jean-Michel Charlier qu'il connaîtra le succès en 1952, avec un épisode devenu mythique, Le château maudit. Malgré cela, il doit abandonner la série en 1955 lorsque Jijé, son créateur, décide de la reprendre. Entre-temps, il est néanmoins devenu l'un des piliers du Journal de Spirou, grâce aux Belles histoires de l'Oncle Paul, qu'il réalise pour la World Presse de Georges Troisfontaines. Sa technique d'encrage, inspirée de l'Américain George Wunder, devient la référence de l'agence, jusque dans les bandes de Victor Hubinon, avec lequel il a entamé une intense collaboration anonyme sur « Buck Danny », « Surcouf » ou « Tiger Joe ». Dans la continuité de sa collaboration avec Charlier, il lance « André Lefort », dans Risque-Tout en 1956, et « Marc Dacier », l'année suivante, dont il dessinera treize épisodes publiés jusqu'en 1967 dans le Journal de Spirou. Malgré une présence régulière du personnage dans l'hebdomadaire, celui-ci peine à trouver son public et les relations de Paape avec l'éditeur se détériorent. C'est alors que Greg, rédacteur en chef du journal Tintin, lui propose d'intégrer son équipe. Ensemble, ils créent « Luc Orient ». Après des années passées à dessiner des univers réalistes réclamant une importante documentation, Paape se sent revivre dans ce space opera où il peut laisser libre cours à son imaginaire. La série devient l'un des classiques du journal Tintin et connaît dix-huit albums jusqu'en 1994. Simultanément, Paape multiplie les collaborations avec d'autres scénaristes, Duchâteau (« Yorik des Tempêtes », « Udolfo », « Carol détective »), Michel Deligne (« Les misérables ») ou encore Jean Dufaux (« Les jardins de la peur »), pour pallier les absences de Greg, parti s'installer aux États-Unis. « Johnny Congo », sa dernière création dans les années 1990, marquera ses retrouvailles avec Greg. Outre des milliers de planches dédiées à l'aventure et quantité d'illustrations aux thèmes éclectiques pour les revues Bonnes Soirées ou Le Moustique, on retiendra d'Eddy Paape qu'il a également animé, pendant une vingtaine d'années, un cours de bande dessinée à l'institut Saint-Luc de Bruxelles, puis à l'Académie des beaux-arts de Saint-Gilles. Parmi ses élèves, figurent de futurs professionnels reconnus comme Berthet, Renard, Cossu, Godi, Andreas, Grenson, Dugomier, Desorgher, Wurm, et même Plantu. Il décède le 12 mai 2012, à l'âge de 92 ans, après avoir dédié sa vie entière au dessin.